Genèse du projet

 

Objet hybride à mi-chemin entre la bande dessinée, la presse illustrée du XIXe siècle et les dispositifs médiatiques contemporains, #J’Accuse…! est né du désir de mettre en scène le débat public dans un livre. Je voulais en particulier explorer et rendre sensible par quels rouages un événement initialement anecdotique peut parvenir à diviser une société autour d’un grand conflit de valeurs.

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J’ai trouvé dans l’affaire Dreyfus un sujet emblématique pour tenter de déployer ce phénomène, avec comme horizon expérimental : représenter l’affaire Dreyfus à travers les dispositifs médiatiques contemporains. Ce choix me paraissait une façon intéressante de mettre en perspective le passé depuis le présent, mais aussi en miroir le présent depuis le passé.

Il en résulte une proposition que je crois étrange et espère stimulante, à mi-chemin entre la rigueur historienne et la fantaisie anachronique.

Rigueur historienne car aucun fait n’a été inventé ni modifié pour les besoins du récit. De plus, tous les propos transcrits dans l’ouvrage ont littéralement été tenus par leurs auteurs, chaque page étant référencée : en effet, les textes sont extraits de témoignages de quelques protagonistes majeurs (Mathieu Dreyfus, Bernard Lazare, Auguste Scheurer-Kestner, Émile Zola) ou d’articles prélevés dans environ 300 journaux. Rigueur aussi dans la restitution visuelle, qui joue avec l’esthétique des gravures de presse ou les typographies de l’époque et se nourrit de nombreuses photographies ou illustrations touchant aux événements représentés.

06 J'accuse Dytar livre ouvert 2

Mais fantaisie anachronique car ce matériau d’histoire est transposé dans un dispositif qui s’apparente aux médias contemporains, qu’ils soient télévisuels ou issus du Web 2.0 (journaux numériques, réseaux sociaux, plateformes vidéos…). Cet artifice non dissimulé permet d’abord de transmettre les textes d’époque dans une forme incarnée, vivante et aussi variée que possible. Il permet aussi de mettre en évidence, parfois par un biais ludique, la généalogie de quelques signes médiatiques. Enfin, ce dispositif hybride vise à susciter des résonances entre le débat public de la fin du XIXe siècle et celui d’aujourd’hui, tant sur le plan des modalités médiatiques que sur celui des contenus idéologiques qui s’y déploient.

Le caractère hybride de ce livre est manifeste dans sa matérialité même : en s’ouvrant comme un ordinateur portable, le livre/écran se donne à lire en le sortant de son écrin, tandis qu’un clavier invite à une illusoire interactivité.

04 J'accuse Dytar l'écran sort de son écrin

Par ailleurs, une application de réalité augmentée (Delcourt Soleil +) permet d’accéder aux sources des journaux numérisés par Gallica, ainsi qu’à de brèves notices biographiques dès qu’un nouveau personnage apparaît. L’application Delcourt Soleil + se télécharge gratuitement sur un smartphone ou une tablette numérique : il suffit de scanner la page choisie et les documents additionnels apparaîtront sur l’écran.

Réalité augmentée

 

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